Main menu

Pages

Ménaka sous la terreur de l'État Islamique au Grand Sahara et l'incapacité du Mali et de Wagner à apporter une solution.


Des enfants des réfugiés arrivés à Tchintabaraden en Janvier 2023. Photo de Khamed Najim @globalvoices.org


Les régions de Gao et de Ménaka, dans l'Azawad, sont sous occupation et confrontées à une catastrophe humanitaire imminente, exacerbée par les actions impitoyables de l'État Islamique au Grand Sahara (EIGS). Ménaka, qui dépend principalement de l'élevage et du commerce, est ravitaillée par les axes Gao-Niamey, Ménaka-Gao, Ménaka-Niamey et Ménaka-Algérie. À la moitié des années 90, par suite d’un pacte de transhumance signé par le Niger et le Mali, des milliers d'éleveurs nigériens ont convergé vers la région, qui bénéficie d'une réserve naturelle en eau et en pâturage. Cette installation d'éleveurs étrangers a rencontré une forte résistance de la part des autochtones, entraînant la création de milices armées dans les deux camps, opposant les propriétaires terriens aux étrangers. Ce conflit pastoral a ensuite été infiltré par l'idéologie djihadiste exogène. Ce qui était à l'origine un différend pastoral est devenu le terrain d'Al-Qaïda, puis de l'État Islamique. Depuis 2022, l'EIGS déclare licite les biens et la vie des éleveurs autochtones de la zone. En conséquence, les populations civiles locales ont été condamnées à mort, déclenchant une chasse aux sorcières. Des centaines de civils ont été tués, des villages et des campements détruits, et les troupeaux, ressource vitale pour les autochtones, ont été pillés, contraignant les rescapés à fuir vers Ménaka ou d'autres villes. Certains déplacés ont rejoint l'Algérie, d'autres le Niger.

 

Le gouvernement malien, soutenu par Wagner, adopte une politique de sécurité basée sur la stratégie de l'État-garnison, se contentant d'exercer un contrôle symbolique sur les casernes militaires. Les groupes terroristes liés à Daesh dictent leur loi à environ deux kilomètres autour de la ville de Ménaka, obligeant les commerçants à payer une somme de 125 000 francs CFA par tonne de marchandises. Lorsque les militaires quittent la ville, ils ciblent tout ce qu'ils rencontrent sur leur chemin, pillant ou massacrant les villageois. Cette stratégie ancienne de l'armée malienne, consistant à punir les civils à la place des combattants, n'a fait qu'accentuer la radicalisation et l'injustice, plongeant les habitants dans un état de désespoir.

 

Depuis plusieurs jours, les habitants sont pris en otage par les actions de terreur de l'EIGS. Sous prétexte de contrôler la région, l'EIGS impose des taxes exorbitantes, pille les boutiques et instaure un blocus total sur les zones sous son contrôle. Les habitants, pris au piège de cette tyrannie, sont contraints de payer des sommes énormes pour pouvoir rester et circuler, tandis que des villages entiers sont contraints de fuir pour échapper à la menace constante. Les axes Gao-Niamey, Ménaka-Gao, Ménaka-Niamey et Ménaka-Algérie sont le théâtre de l'oppression et de la terreur depuis 2022. Sur ces axes, les voyageurs et les commerçants sont soumis à l'extorsion de fonds par l'EIGS. Dans la commune de Gabéro, plus de 16 villages ont été désertés, laissant derrière eux leurs foyers et leurs moyens de subsistance. Ceux qui ont accepté de rester, en échange d'une indulgence, vivent dans une terreur permanente. Dans cette zone, l'EIGS, les voleurs, Wagner et l'armée malienne et les milices fidèles au Mali coexistent, chacun menant ses activités. L'EIGS impose sa loi aux villageois, tandis que l'armée malienne et Wagner se contentent d'un contrôle symbolique des garnisons ou de l'escorte de certains convois qui paient une somme de 200 000 francs CFA par camion pour être escortés ; ceux qui ne paient pas ne bénéficient pas de l'escorte. L'EIGS mène ses activités terroristes et traverse le fleuve devant le nez et la barbe des militaires maliens sans être inquiété. Cette zone est devenue depuis la moitié des années 90 une plaque tournante de la criminalité et de la complicité entre les acteurs étatiques, les milices locales et les bandits.

 

La situation à Ménaka a atteint un point critique, où le blocus des routes paralyse complètement le commerce. Les denrées alimentaires deviennent rares et hors de prix, poussant la population au bord de l'effondrement. Les populations, privées de produits essentiels, sont prises au piège d'une spirale de pauvreté croissante. Depuis mars 2022, Ménaka servait déjà de refuge à des centaines de villages par suite des massacres perpétrés par l'EIGS. Pendant que la population souffre, les autorités maliennes et Wagner semblent incapables d'apporter une solution durable à cette tragédie qui se déroule sous leurs yeux.

La communauté internationale ne peut plus rester silencieuse face à cette détresse. Des mesures urgentes doivent être prises pour mettre fin à l'emprise de l'EIGS sur la région et fournir une assistance humanitaire immédiate aux populations en détresse. Le temps presse, et chaque jour qui passe aggrave la souffrance de milliers de personnes innocentes, piégées dans un cycle de violence et de désespoir.