Le développement de la situation politico-sécuritaire ce dernier temps implique des mouvements majeurs dans les lignes et les axes de positionnement des acteurs au Mali.
Bamako se barricade par suite de l'incursion majeure opérée par le CSP-PSD dans la région de Ségou et Koulikoro la semaine dernière. Des dispositions sont prises à Kati, principale base des putschistes, pour renforcer la défense de la capitale et opérer une entrave au droit d'expression et de manifestation contre les partis politiques et les organisations de la société civile qui réclament le retour à l’ordre constitutionnel.
De ce fait, le gouvernement dictatorial en gestation affiche les prémices de son échec et du manque de confiance en la capacité de Wagner à assurer sa sécurité.
Un nombre croissant des voix qui s'expriment depuis un moment sur le musèlement de l'opinion publique des leaders Peuhls qui dénoncent la complicité entre le JNIM et les autorités sur leur mode opératoire qui consiste à assimiler leur communauté aux terroristes.
Le CSP-PSD offre son soutien à porter la voix des Peuhls pour sortir et manifester leur droit à l'autodétermination du Macina et se démarquer des terroristes du JNIM affiliée à Al-Qaïda.
Cette volonté de mobilisation des Peuhls de se soulever et entraver par la complicité du JNIM et des autorités s'est manifesté depuis les attaques réussies du CSP-PSD contre les positions de Dioura, Léré et les casernes d'occupation du Macina.
Il est important aussi de rappeler un pan de la politique idéologique des groupes terroristes comme d’Al-Qaïda au Sahel qui consiste à provoquer des conflits communautaires pour ensuite les utiliser afin de s'installer et museler les revendications légitimes progressistes qui émergent.
Les derniers affrontements entre les unités du CSP-PSD et les terroristes du JNIM le 5 avril dernier dans le Macina ont alerté la junte au pouvoir à Bamako sur l’inefficacité de son appareil de sécurité. Cette volonté d’expansion du champ d’opération du CSP-PSD représente un intérêt partagé entre les autorités de Bamako et le JNIM. Leur intérêt commun est d'éviter l’émergence de l'idéologie autonomiste affichée au départ par le Front de Libération du Macina (FLM). Ce mouvement a été englouti dès 2015 par l’alliance Ansar-Adine-AQMI, qui a exploité les exactions commises par le Mali sur les communautés peulhs du Macina. La branche locale d’Al-Qaïda, renforçant ses satellites dans cette zone à partir de 2012, a saisi l’occasion pour se présenter comme le défenseur des Peulhs face à l’armée malienne qui les massacre. Cette action protectrice d’Al-Qaïda est présentée comme une dette à reconnaître et à continuer à payer au sein des communautés peulhs. Cela empêche ces communautés de se libérer pour poser des revendications acceptables et réalisables, ni de créer une plate-forme capable de survivre à l’emprise d’Al-Qaïda.